La Mondialisation, moteur du réchauffement climatique

Par Lucas Jolly, étudiant ESTA Belfort, 05/2020

Mots-clés: #Mondialisation #Gaz à effet de serre #Transport aérien

Source: Unsplash image by Skyler Smith (2019) Airport

A l’heure de l’éveil collectif des consciences écologiques, sommes-nous conscients de l’impact de la mondialisation sur le réchauffement climatique, Aujourd’hui combien pèse ce processus en matière de rejet atmosphérique ?

Cet article n’a pas lieu de remettre en cause l’intégralité de notre système économique actuel, ni de réaliser un procès d’intention à ce processus qui nous entoure. Il a pour but de réaliser un constat factuel sur la part d’émissions de gaz à effet de serre de la mondialisation plus précisément liée à la problématique du transport contribuant au réchauffement climatique. (Les GES sont des composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre et contribuent ainsi à l’effet de serre : Météo-France/François Poulain 2014). L’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère terrestre est l’un des facteurs à l’origine du réchauffement climatique. Cependant, il est légitime de la part d’un étudiant, acteur de demain, de faire une réflexion sur notre mode de consommation actuel.

Pour rappel : « La mondialisation se définit comme l’ensemble des processus (économiques, sociaux, culturels, technologiques, institutionnels) qui contribuent à la mise en relation des sociétés et des individus du monde entier. C’est un processus progressif d’intensification des échanges et des flux entre les différentes parties du monde, porté par l’essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) : Définition by linternaute.fr(2020 )».

Dans un premier temps nous allons nous intéresser à la part de responsabilité du transport aérien, depuis les années 1960. Par la suite nous allons voir à quoi correspondent respectivement ces échanges en terme d’émissions de gaz à effet de serre. Puis nous allons réaliser un parallèle avec la crise du COVID-19 qui corrèle parfaitement mondialisation et pollution. En guise de conclusion, mon point de vue sera donné.

Le premier témoin de l’explosion des échanges dans le monde est le trafic aérien mondial puisque ce type de transport n’est sans doute pas le transport le moins polluant. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, celui lui-ci n’a cessé de s’envoler et selon les estimations cette hausse n’est pas prête de s’arrêter. Le nombre de voyageurs en 1960 était de 108 millions, alors qu’en 2018 , 4,3 milliards de passagers ont été transportés par avion selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

« Transport aérien, voyageurs transportés »
Source: Banque mondiale (2018)

D’après ce graphique, nous voyons avec certitude que le nombre de voyageurs transportés par voie aérienne s’est accéléré depuis le début du 20ème siècle.

Nous pouvons poser l’hypothèse suivante : Est-ce qu’en terme de proportion, la population se déplace davantage ?

Au préalable regardons l’évolution de la population mondiale :

« évolution population mondiale »
Source: Banque mondiale (2018)

L’évolution de la population semble constante et est passée de 3 milliards d’individus en 1960 à plus de 7,5 milliards en 2018.

Proportion de voyageurs en fonction du nombre d’individus (calculs de l’auteur)
Source: Données banque mondiale (2018)

En terme de proportion, en 1960 seulement 4% de la population se déplaçait alors qu’en 2018 : 56% de la population se déplace par voie aérienne. Cependant il ne faut pas oublier que ce type de transport est réservé à seulement une classe sociale de la population, toutefois cela ne change en rien que proportionnellement parlant, la population se déplace davantage. Ce constat est sans équivoque, si le trafic aérien augmente, les rejets de Gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ou la vapeur d’eau (72% de l’effet de serre total ) vont accentuer le réchauffement climatique.

Les 4,3 milliards de voyageurs se sont partagés 37 800 000 vols en 2018, un chiffre astronautique sachant que cela équivaut à 1,2 vol chaque seconde, 72 vols par minute ou encore 103 680 vols par jour. Toutefois à quoi correspond ces chiffres en terme de rejet atmosphérique.

L’impact climatique du transport aérien, c’est-à-dire la contribution de l’aviation commerciale au réchauffement climatique, résulte principalement de la combustion de kérosène dans les réacteurs d’avion. Celle-ci est responsable de l’émission de dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre qui s’accumule dans l’atmosphère et dont les émissions représentent de 3 à 4% des émissions mondiales. Il s’agit en particulier des émissions d’oxydes d’azote (NOx), qui provoquent indirectement le réchauffement du climat. L’empreinte carbone d’un trajet en avion ne se limite pas aux émissions de ses réacteurs. S’y ajoute les émissions de la production, de l’assemblage de l’appareil, de la production à distribution du kérosène. Vous l’aurez compris, l’industrie du transport aérien associé à celui du tourisme est un facteur aggravant du réchauffement climatique.

De toutes les tailles et de toutes les autonomies. Selon l’appareil et sa version, la distance peut beaucoup varier mais on peut admettre qu’un avion régional peut parcourir en moyenne 2500 km, un avion moyen-courrier 6000 km, et un avion long-courrier 13000 km. Nous allons réaliser l’hypothèse que l’ensemble des vols sont des vols régionaux. Le bilan carbone d’un avion est de 223 g CO2éq/passager-km selon L’ADEME (cette valeur varie de 223 à 680 CO2éq/passager-km selon les différents scénarios) : bilan carbone d’après fournisseurs-électricité tiré de ADEME (2018)

Les émissions de CO2 par passager-kilomètre dépendent de plusieurs paramètres :

  • le type d’avion et sa consommation.
  • son taux de remplissage et son emport de fret.
  • la distance parcourue. Sur un vol court, les phases de décollage et d’atterrissage sont proportionnellement plus gourmandes en carburant.

Sur l’année 2018 4,3 Milliards de voyageurs ont utilisé la voix aérienne pour un vol moyen de 2500km, cela équivaut à un bilan carbone de 2039 MtCO2éq (Calcul de l’auteur). À titre de comparaison, l’ensemble de l’industrie rejette 6228MTCO2éq (International Energy Agency, 2017).

De plus, l’impact de l’aviation est multiplié par le fait que ses émissions vont directement dans la région de la troposphère et de la stratosphère et non sur la surface terrestre. La pollution atmosphérique s’opère sur trois échelles différentes :

  • à l’échelle locale : La qualité de l’air dans un rayon de quelques kilomètres des aéroports est détériorée
  • à l’échelle régional : Ces pollutions peuvent avoir un impact à plusieurs centaines de kilomètres comme des pluies acides, dégradation de la qualité des eaux et réactions photochimiques (La pollution photochimique est donc responsable des pics d’ozone et de leurs effets néfastes sur les populations humaines, mais aussi sur les végétaux sous l’effet d’une réaction en présence d’ultra-violets, d’après futura science)
  • à l’échelle planétaire : réchauffement climatique et appauvrissement de la couche d’ozone causés par l’effet de serre.

L’IATA (International Air Transport Association, 2018) prévoit un trafic de 8,2 milliards de voyageurs aériens en 2037. Par conséquence, le trafic aérien et dans le même temps les rejets atmosphériques devraient continuer à accentuer le réchauffement climatique. Le trafic aérien représente 11% des émissions de CO2 liés au transport, néanmoins il n’y pas que le transports aérien qui est polluant. 80% des échanges commerciaux mondiaux sont assurées par voie maritime. « En 2018, 24 % des émissions mondiales de CO2 dues à la combustion d’énergie relève du secteur des transports. Le transport des passagers est la cause de 60 % des émissions de CO2 et le fret est responsable quant à lui de 40%. Pour s’aligner sur l’accord universel de Paris signé par 195 Etats des NU, il faudrait que les émissions du fret baissent de 45 % et celles du transport de passagers de 70 %.» (d’après planete-energies publié le 16 aout 2016| mis à jour le 30 mars 2020.) Cet accord vise à maintenir l’augmentation de la température à 2°C : ec.europa.eu Accord de paris (2015).

Source: émissions de CO2 total par secteur / Data IAE ( 2017)

Le secteur du transport représente 8040 MT d’émissions de C02 pour un total de 33 000 MT tous secteurs confondus. Ce qui nous montre les enjeux de ce secteur dans la transition énergétique.

Avec le ralentissement économique généralisé, les frontières fermées et bien évidement des confinement instaurés par un grand nombre de pays mondiaux, la crise du coronavirus COVID-19 met à terre notre système économique. Point positif de cette crise, nous pouvons voir les bénéfices écologiques du ralentissement de la production mondiale ainsi que la réduction spectaculaire du trafic aérien, routier et maritime. Le Premier bénéfice notable est la diminution de la pollution atmosphérique dans les grandes métropoles mondiales. le NO2 est un gaz généré par les activités humaines et donc celui-ci est un très bon indicateur. Ci-dessous l’exemple de la Chine cependant ce phénomène est également remarquable en Europe.

Source: La concentration de NO2 dans l’atmosphère en Chine au 1er janvier (à gauche) VS. au 25 février (à droite), image NASA (2020).

Cet article n’a pas lieu d’inciter les citoyens de ne plus se déplacer ni de ne plus acheter des marchandises via les plateformes géantes du e-commerce comme Alibaba ou Amazon puisque moi- même, je ne suis pas exempt de tout reproches. J’ai réalisé un stage à l’étranger à plus de 18,534 km de chez moi dans le but de développer mon anglais alors que je pouvais choisir une destination à empreinte carbone beaucoup plus faible. Je ne pense pas non plus regarder la provenance de l’intégralité de mes achats, cependant je pense qu’il est nécessaire pour les générations futures d’intégrer une démarche écologique et de basculer vers un changement plus ou moins brutale de nos comportements. Concernant nos transports, il sera nécessaire soit de les diminuer (à priori cela paraît très compliqué, soit de basculer vers une transition technologique et miser sur les avancées. Seulement à nous de choisir la source énergétique la plus propre et la plus éthique.

Par conséquence, faut-il privilégier la production durable au détriment de la surproduction ? Est-il nécessaire de privilégier une politique de protectionniste Européenne ou nationale pour inciter l’achat de produits locaux ? Doit-on forcément passer par des relocalisations pour acheter durable ? Pourra-t- on continuer notre mode de vie actuel. Autant de questions qui restent sans réponse, cependant une chose est certaine, sans réaction de notre part nous allons vers un scénario écologique catastrophe avec des conséquences que vous connaissez tous ( Destruction de la biodiversité, littoraux menacés avec la montée des eaux, extinctions de masses, pollutions atmosphériques etc..)

Note positive à cela, des initiatives à petite échelle sont d’ores et déjà existantes comme par exemple la PME française CARBIOS qui a fait la couverture de la prestigieuse revue scientifique « Nature » avec ces travaux sur une technologie permettant de recycler à l’infini l’un des plastiques les plus utilisés dans le monde, le plastique « BET » utilisé notamment dans la fabrication de bouteille en plastique.

Références

Citepa (© 2020). Le rapport d’inventaire officiel pour les polluants atmosphériques. [online]. Citepa. [vu le 25 avril 2020]. Disponible sur : https://www.citepa.org/fr/ceenu/

DGAC (© 2019). Eco calculator. [online]. [vu le 28 avril 2020]. Disponible sur : https://eco-calculateur.dta.aviation-civile.gouv.fr/

Fournisseurs électricité (©2019) Bilan Carbone : quelle est l’empreinte carbone d’un avion ? [online]. [vu le 25 avril 2020]. Disponible sur : https://www.fournisseurs-electricite.com/guides/environnement/bilan-carbone/avion

Futura science (© 2020). Pollution photochimique [online]. [vu le 07 mai 2020]. Disponible sur : https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/developpement-durable-pollution- photochimique-6715/

International Energy Agency (©2020). CO2 emissions by energy source, World 1990-2017. [Ensemble de données]. IEA Energy Atlas. [vu le 16 avril 2020]. : Disponible sur : https://www.iea.org/data-and- statistics?country=WORLD&fuel=CO2%20emissions&indicator=CO2%20emissions%20by%20sector

La Banque mondiale (© 2019). Population, total. [Ensemble de données].[vu le 22 avril 2020]. Disponible sur : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.POP.TOTL

La Banque mondiale (© 2019). Transport aérien, voyageurs transportés [Ensemble de données].[vu le 22 avril 2020]. Disponible sur : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/is.air.psgr

Lestavel, T.,(2020) Carbios, pépite française du recyclage des déchets plastique. [online] Le Figaro. [vu le 22 avril 2020]. Disponible sur : https://www.lefigaro.fr/societes/carbios-pepite-francaise-du- recyclage-des-dechets-plastique-20200410

Ministère de la transition écologique et solidaire (© 2020). Aviation et pollution atmosphérique. [online]. Stac DGAC gouvernement. [vu le 6 mai 2020] disponible sur : https://www.stac.aviation- civile.gouv.fr/fr/environnement/aviation-pollution-atmospherique

NAZA Earth Observatory images by Joshua Stevens (2020). Airborne Nitrogen Dioxide Plummets Over China [image numérique]. [Consulté le 27 avril 2020]. Disponible sur : https://earthobservatory.nasa.gov/images/146362/airborne-nitrogen-dioxide-plummets-over-china

Planète Energies (© 2017).Transports mondiaux : émissions de CO2 en hausse. [online]. planete-energies [vu le 22 avril 2020]. Disponible sur : https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/transports-mondiaux-emissions-de-co2-en-hausse

Unsplash image by Skyler Smith (2019) Airport [online]. Image libre de droit Unsplash.[vu le 22 avril 2020]. Disponible sur : https://unsplash.com/s/photos/airport

Rejoindre la conversation

1 commentaire

  1. Article assez complet qui apporte bien des informations, travaillant sur le réchauffement climatique et cherchant des solutions à apporter à mon entreprise, celui-ci me mène sur plusieurs pistes afin d’améliorer nos méthodes.
    Cette période de COVID-19 nous permets de nous remettre en question au niveau pro et perso sur nos modes de fonctionnements, nos approvisionnements, déplacements etc etc un sujet sur lequel il y a beaucoup à dire ..

    J’aime

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :