Par Théo Ritzenthaler, étudiant ESTA Belfort, 05/2020
Mots-clés: #Climat #Homme #Impact #CO2 #Population, Emissions, #Consommation
L’Homme, espèce présente en plusieurs milliards d’individus sur la planète Terre, a évolué pour devenir l’espèce que l’on connaît aujourd’hui. Malheureusement, ces dernières années, nous avons observé un changement climatique important. Chacun est en droit de se demander si l’Homme est en lien avec cette augmentation. Cette question, légitime, vient repositionner l’Homme sur la planète Terre. La question qui se pose majoritairement est : sommes-nous trop nombreux ? De nombreuses personnes pensent que la nature a besoin d’une pause, que nous l’avons trop exploité. La crise du Coronavirus vient bien rappeler ce phénomène puisqu’en 2 semaines d’inactivité, nous avons observé des changements visibles à l’œil nu. En ce sens, notre nombre aurait moins d’impact que nos activités. Le hashtag #Wearetheproblem a par ailleurs émergé sur les réseaux montrant une prise de conscience croissante du problème que représente le réchauffement climatique. Néanmoins, le problème persiste : nous ne pourrons vivre cloîtrés, sans activité. Devons-nous revoir nos habitudes afin d’améliorer la situation climatique ?
L’impact de l’Homme
Il serait utopique de considérer que l’Homme n’a aucun impact sur le climat. Néanmoins, pour convaincre même les plus climatosceptiques des lecteurs, il faudra montrer que l’Homme est responsable du réchauffement climatique. Pour cela, il suffit de comparer l’augmentation de la population avec l’augmentation de l’anomalie thermique. De cette façon, on observe le graphique ci- dessous.

Sources: FigShare (2019) et Our World In Data (2019)
On peut observer une coïncidence entre le moment où le climat s’est réchauffé, et le moment où la population mondiale s’est mise à croître. L’Humanité a déjà connu quelques réchauffements climatiques, certain visibles sur le graphique à petite échelle. Seulement, l’augmentation de température connue ces dernières années est 2 fois plus élevé que tous les réchauffements depuis l’an 0. Le commencement de cette augmentation exponentielle peut être daté des années 1800, avec la 1ère révolution industrielle. Etonnement, c’est également à ce moment-là que le nombre d’Hommes a augmenté, et que notre espèce s’est mise à utiliser des ressources d’énergie fossile. On peut donc légitimement penser que ce réchauffement climatique est attribué à l’espèce humaine, et non à une coïncidence. L’augmentation de la production aurait induit de nouveaux besoins et habitudes chez chaque individu, facilitant également l’apparition de nouvelles technologies. En ce sens, c’est le nombre d’humain qui semble être responsable de l’augmentation drastique de l’anomalie de température.
Le graphique précédent traduit également l’urgence climatique. En effet, on comprend aisément que la projection d’augmentation de la température soit d’environ 4°C pour 2100. Une telle augmentation implique des conséquences désastreuses sur le climat ainsi que sur la vie telle que nous la connaissons actuellement. Il est donc crucial de comprendre comment réduire au maximum notre impact sur le climat.
Lien entre émissions de CO2 et augmentation de température
Le réchauffement climatique est une réalité. Mais d’où vient-il ? Nous avons précédemment prouvé que l’Homme en est le responsable, sans préciser ce qui impact le plus notre environnement. Durant près de 2 siècles (Si la Terre avait existé pendant 24h, cela représenterait 3.8 millisecondes (Krivine H., 2011)), nous avons émis des substances dans l’atmosphère ayant impacté le climat pour une durée encore indéfinie. Ces substances, appelées Gaz à Effet de Serre (GES), ont chacune des impacts et des durées d’élimination différentes dans l’atmosphère. Dans le graphique suivant, la corrélation entre l’augmentation de la température et les émissions de CO2 a été montrée. Le CO2 étant responsable de 65% de l’effet de Serre, nous allons par mesure de simplicité regarder comment l’anomalie de température évolue avec uniquement ce gaz.

Sources : Banque Mondiale (2019) et Figshare (2019)
On observe une corrélation entre l’augmentation de l’anomalie de température et l’augmentation des émissions de CO2. Bien que les droites ne soient pas parfaitement parallèles, elles augmentent de façon fortement similaire. On se rend donc compte d’une part que nos activités ont un impact sur le climat, mais également que les millions de tonnes de CO2 que l’on rejette dans l’atmosphère ont des conséquences sur l’environnement dans lequel nous vivons.
Ces émissions peuvent être attribuées à plusieurs sources : transports, agriculture, production industrielle, … Afin d’observer l’impact du nombre d’Hommes, nous allons voir comment une réduction subite de 50% de ce nombre d’individus influerait sur les émissions de CO2, directement liées au réchauffement climatique. Il est possible que cette diminution de population ne génère pas une diminution des émissions de ces sources de 50% : les ressources existantes aujourd’hui le seront encore demain. Il est donc possible que la consommation de chaque individu augmente dans ce cas de figure. Cependant, n’ayant aucun moyen de le prouver, nous allons ici considérer que les émissions par personne resteront inchangées.
Effet d’une diminution de 50% de la population
Au vu des conditions de l’étude énumérée ci-dessus, il est probable que l’Homme continue de se développer comme il le fait depuis des années. Cela implique évidemment qu’il ne change pas ses habitudes ni son mode de vie. Ainsi, la croissance du nombre d’individus Humains va être considérée comme linéaire, basée sur l’évolution que nous connaissons depuis 1950. En suivant ces différents paramètres, la prévision observable dans le graphique ci-dessous peut être faite.

Sources : Our World in Data (2020)
On peut voir sur cette prévision que si la population se réduisait subitement de 50%, il faudrait 45 ans pour retrouver un nombre d’individu similaire à celui que l’on avait avant. Dans ce scénario, l’humanité dépasserait les 10 milliards d’individus à l’approche de 2100. Sans cette réduction, ce nombre serait atteint vers 2050 environ, et l’humanité compterais 14 milliards d’individus en 2100. On comprend qu’une réduction soudaine de la population n’impliquerait, du point de vue de la population, qu’un « décalage » de 45 ans. A titre de comparaison, l’espérance de vie moyenne dans le monde est de 72 ans (Banque Mondiale, 2019). A l’échelle de l’Homme, il faudrait moins d’une vie humaine pour retrouver le niveau d’avant évènement.
Impact sur les émissions de CO2
Le CO2 étant le GES impactant le plus le climat (Jancovici J-M., 2007), il faut donc tenter de prévoir ces émissions pour savoir si une diminution de 50% de la population pourrait avoir un impact sur le réchauffement climatique. Nous allons dès lors corréler la prévision des émissions de CO2 à celle de l’augmentation de la population.

Sources : Banque Mondiale (2019) et Our World in Data (2020)
D’après cette prévision, les courbes devraient augmenter de façon similaire. Il faudrait également environ 45 ans aux émissions de CO2 pour retrouver le niveau qu’elles avaient en 2015. Par ailleurs, le CO2 émis aujourd’hui va mettre 100 ans à se dégrader intégralement (Jancovici J-M., 2007). Nous pouvons donc penser que l’augmentation de température va continuer quelques années, à cause de l’inertie des émissions actuelles, puis va stagner avant de recommencer à augmenter lorsque les émissions de CO2 seront à nouveau trop élevées. Il est donc probable que les 45 ans de « repos », permettent un ralentissement du réchauffement climatique sans permettre de l’endiguer. Là où les prévisions actuelles orientent vers une augmentation de 4°C vers 2100, un tel scénario permettrait peut-être d’éviter cette prévision au profit d’une plus favorable pour 2100, mais ne permettrait pas une amélioration notable sur le long terme.
Par conséquent, pour observer un changement climatique, il faudra changer toutes nos habitudes de façon à dissocier les émissions de CO2 de l’augmentation de population.
Comment améliorer notre impact sur le climat ?
Nous avons bien vu que même avec une diminution de 50% de la population, l’impact positif sur nos émissions et sur le climat reste limité. Il faut bien se rendre compte qu’un changement des habitudes et du mode de vie, même de l’ensemble de la population terrestre, va être plus que nécessaire. On peut même se rendre compte au travers des différentes analyses menées plus haut, que ce changement drastique serait la clé d’une amélioration climatique. Autrement, nous « retardons » uniquement le problème sans l’endiguer. Malheureusement, dans la société actuelle, l’économie possède une place bien plus importante que l’environnement. Tous les pays échangent des biens et services. L’économie est devenue mondiale, et il est pratiquement impossible pour un pays développé de se recentrer sur lui-même sous peine de voir son économie détériorée.
Au-delà des répercutions économiques, la question politique se pose : comment évolueraient les relations entre les différents pays si les échanges de biens et services sont limités ? Il est impossible d’y répondre avec certitude, bien que l’on puisse penser que les relations se dégradent : avec moins d’échanges, les relations diplomatiques seraient moins importantes à cause des enjeux moindres de ces relations. La question des ressources se pose également : comment subvenir aux besoins de chaque population si les échanges sont réduits ? Le Luxembourg, par exemple, dépend essentiellement des échanges. Sa surface ne lui permet pas d’avoir assez de ressources pour nourrir ses habitants. Il y a également des matériaux, comme des Terres-Rares, qui se trouvent essentiellement dans des mines en Afrique. Ces matériaux sont essentiels pour fabriquer nos téléphones, par exemples. Accepterons-nous un recul technologique pour sauver le climat ? C’est peu probable… Néanmoins, sans arriver dans les extrêmes cités au-dessus, il est possible d’améliorer notre impact sur le climat via une consommation plus raisonnée.
Pour améliorer considérablement cet impact, il faudra donc faire de nombreux efforts. Ces derniers devront venir de chaque gouvernement. A l’heure de la crise du COVID-19, nous voyons que la population française peine à suivre les directives de confinement données par l’état. Pour cette raison, imaginer un effort collectif provenir de l’ensemble de la population mondiale semble difficile. Demander de ne plus consommer de bœuf argentin, d’avocats mexicain, de ne plus prendre l’avion, ou de ne plus acheter de produits préemballés dans du plastique semblerait irréaliste.
Au-delà des mesures « physiques » qu’il est possible de prendre, il est également important compter l’impact d’internet sur les émissions. Cet impact est trop souvent négligé. Pour donner une idée, 281 milliards d’e-mails ont été envoyés en 2018 (hors SPAM), avec en moyenne 4g de CO2 par e-mail (Deluzarche C., 2019). C’est donc 410 millions de tonnes générées en 2018 uniquement par les e-mails. En plus des e-mails, les plateformes de streaming ont un impact écologique élevé : 30 minutes sur Netflix émettent environ 1.6kg de CO2 (Cabiron B., 2019). Cette plateforme aurait des émissions s’élevant à 102 millions de tonnes de CO2 en 2018. A l’échelle mondiale, les émissions d’internet s’élèvent à 4% de nos émissions de GES, par rapport à 1.5% pour le transport aérien (EcoCO2, 2019). Tous les étudiants de l’ESTA auront un diplôme d’ingénieur d’Affaire et devront utiliser les outils numériques pour leur futur emploi. Prendre des mesures afin d’optimiser l’utilisation de ces outils et de diminuer ces émissions apparaît comme un devoir. Par exemple pour l’envoi de pièces jointes dans un e-mail destiné à plusieurs personnes, il vaut mieux mettre la pièce jointe en ligne et envoyer un lien pour y accéder plutôt que de l’attacher et l’envoyer dans chaque e-mail (Energuide, 2019). Réduire la qualité des vidéos et compresser les documents est également un moyen de réduire les émissions. Prendre ces mesures est une petite action, à notre échelle, qui peut être bénéfique.
Conclusion
Il est possible d’améliorer notre impact sur le climat au prix de nombreux efforts. En effet, même une réduction immédiate de 50% de la population ne permettrait pas d’arrêter le réchauffement climatique. Notre nombre joue effectivement un fort rôle dans le réchauffement climatique, majoritairement parce que chaque individu émet beaucoup de CO2. Si l’on veut endiguer le réchauffement climatique, il faudrait donc que chaque personne change ses habitudes : utiliser le vélo pour les courts déplacements, consommer moins et surtout plus raisonnablement, … Chaque personne doit apporter une contribution. Si l’on veut observer un changement, un effort général doit être réalisé. Dans l’esprit collectif, de tels efforts peuvent sembler inconcevables, mais il y a 100 ans, nous vivions très bien sans toutes ces choses. Serions-nous arrivés dans une sur-mondialisation ? C’est une autre question. Coordonner l’effort sera quasiment impossible : chaque pays devra recentrer son économie afin de ne plus être dépendant des autres. Avons-nous assez de temps pour le faire ? L’avenir nous le dira… Néanmoins, pour faire face au réchauffement climatique, il faudra passer par une prise de conscience collective et une prise de responsabilité des décideurs afin de prioriser un modèle écologique par rapport au modèle économique.
Références
Banque Mondiale (2019). Espérance de vie à la naissance, total. [Base de données]. Banque Mondiale. Disponible sur https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.LE00.IN
Banque Mondiale (2019). Emissions de CO2. [Base de données]. Banque Mondiale. Disponible sur : https://donnees.banquemondiale.org/indicator/EN.ATM.CO2E.KT?end=2014&start=1960&view=chart
Cabiron B., (2019). Les plateformes de streaming vidéo Netflix, Youtube ou Amazon Go ont un coût écologique considérable. [En ligne]. Clubic . [Vu le 14 avril 2020]. Disponible sur : https://www.clubic.com/television-tv/video-streaming/actualite-874632-plateformes-streaming-video-cout-ecologique-considerable.html
Deluzarche C., (2019). Quelle est l’empreinte carbone d’un e-mail ? [En ligne]. Futura-sciences. [Vu le 14 avril 2020]. Disponible sur : https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/eco-consommation-empreinte-carbone-e-mail-10840/
EcoCO2 (2019). L’impact réel du transport aérien sur le climat. [En ligne]. EcoCO2. [Vu le 14 avril 2020]. Disponible sur : https://www.ecoco2.com/blog/limpact-reel-du-transport-aerien-sur-le-climat/
Energuide (2019). Est-ce que j’émets du CO2 quand j’utilise Internet ? [En ligne]. Energuide. [Vu le 14 avril 2020]. Disponible sur : https://www.energuide.be/fr/questions-reponses/est-ce-que-jemets-du-co2-quand-jutilise-internet/69/
Krivine K., (2011). Histoire de l’âge de la Terre [En ligne]. CNRS. [Vu le 14 avril 2020]. Disponible sur : http://www.cnrs.fr/publications/imagesdelaphysique/couv-PDF/IdP2011/03_Krivine.pdf
Jancovici J-M., (2007), Quels sont les gaz à effet de serre ? [En ligne]. Jancovici. [Vu le 14 avril 2020]. Disponible sur : https://jancovici.com/changement-climatique/gaz-a-effet-de-serre-et-cycle-du-carbone/quels-sont-les-gaz-a-effet-de-serre-quels-sont-leurs-contribution-a-leffet-de-serre/
Roser M., Ritchie H., et Ortiz-Ospina E., (2020). [Base de données]. World Population Growth. [Base de données]. OurWorldInData.org. Disponible sur : https://ourworldindata.org/world-population-growth
Neukom R., (2019). Reconstruction ensemble median and 95% range. [Base de données]. Figshare. Disponible sur : https://figshare.com/articles/Reconstruction_ensemble_median_and_95_range/8143094
Merci Théo pour ton article très riche en informations!
Nous avons déjà tous entendu parler de surpopulation et de réchauffement climatique via les médias, mais rarement des graphiques montrant le rapprochement entre les deux ainsi que l’impact direct de notre civilisation sur l’environnement. C’est ce qui rend cet article agréable à lire, et à comprendre. Il n’y a pas de contestation possible, l’espèce humaine est clairement responsable de ce qui lui arrive, les graphiques parlent d’eux-mêmes.
Dans les solutions que tu proposes, tu évoques le fait qu’un changement collectif soit mis en place. Cela me semble bien utopiste, il y aura toujours des freins dans notre société qui ruinera les efforts des autres. Puis l’effet boule de neige s’installe et tout le monde finit par être démotivé.. retour à la case départ. De mon point de vue il n’est plus pensable de croire en la volonté de chacun, cela ne mènera à rien. Comme tu l’as évoqué dans ton article, rien que pour un confinement de 2 mois, les consignes n’ont pas su être appliqué, je ne veux même pas imaginer pour un changement de mode de vie drastique à long-terme…
A aucun moment dans ton article tu évoques la possibilité d’instaurer des lois ayant pour but de ralentir la démographie mondiale (comme en Chine par exemple). Ne penses-tu pas que cela pourrait être une solution?
Cependant je vais rester positif, les avancés technologiques permettent de réaliser de grandes choses en 2020, comme pouvoir réutiliser un lanceur à destination de l’espace, ou encore prétendre pouvoir coloniser une autre planète. Il nous est donc possible de réunir le savoir mondiale afin de réaliser de grandes choses. L’épisode du COVID-19 a permis de faire prendre conscience à une grande partie de la population qu’il va falloir que tout le monde change pour le bien commun. De nombreuses solutions quant au ralentissement de l’émission des GES et du réchauffement climatique sont à l’étude et semblent prometteuses. Encore faut-il que les gouvernements pensent à la population et non à leurs économies.
Merci encore pour ton article traitant d’un sujet intéressant et d’actualité.
Nicolas HELL
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