COVID-19, ultime coup de semonce de la planète ? Civilisation en danger

Par Nicolas Hell, étudiant ESTA Belfort, 05/2020

Mots-clés:

Fonte des glaces, élévation du niveau des océans et mers, pollution de l’air, catastrophes naturelles à répétition : phénomènes présents depuis toujours mais dont l’amplitude et la fréquence s’accélèrent drastiquement (Radio Canada 2019) : tant de messages de la nature censés nous faire prendre conscience de la situation actuelle et des changements à mettre en place.

Il est bon de rappeler que le dérèglement climatique s’accélère de manière exponentielle cette dernière décennie, due notamment à l’augmentation de nos activités et donc celle des émissions de CO2 sur terre (Graphique de la moyenne mondiale d’émission de CO2 par année, Banque Mondiale de Données, 2020). Ce dérèglement climatique perturbe non seulement la santé l’Homme du fait de l’augmentation des maladies cardio-vasculaires et pulmonaires notamment mais également celles des animaux (Lavigne, E., 2017).

Source: Banque Mondiale

Tandis que certaines espèces s’éteignent, d’autres quant à elles font l’objet de mutations pouvant donner lieu à l’apparition de certaines maladies. Le COVID-19 fait partie de l’une d’entre elles et est d’origine animale, provenant probablement de la chauve-souris ou du pangolin d’après les différentes études en cours sur le sujet. Cette mutation aurait permis la transmission du virus chez l’Homme. (Zhang, et al. 2020).

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte en ce qui concerne l’apparition de cette épidémie. Tout d’abord les animaux sont soumis à un stress permanent lié aux activités humaines et au non-respect de la biodiversité (20 minutes, 2020). De plus, le changement de climat pousse les animaux à changer leur manière de vivre et doivent donc s’adapter à ces conditions de vie en perpétuelle évolution, impliquant ainsi la sélection naturelle (WWF 2015).

Selon la théorie de l’évolution et comme le disait Darwin « les espèces animales et végétales ont dû changer pour survivre ». Les mutations font partie de ces changements nécessaires à leur survie. Climat, non-respect de la biodiversité, augmentation de la consommation de produits d’origine animale, autant de facteurs pouvant favoriser l’apparition de mutations donnant lieu à la crise dans laquelle nous nous trouvons au moment même de la rédaction de cet article.

Dans le cadre de cet article, j’ai donc choisi d’aborder un sujet récent et actuel afin d’étudier l’influence que le COVID-19 entraîne indirectement sur notre environnement depuis son apparition. Ce virus correspond-t-il à un message de la nature afin de nous orienter vers de nouvelles manières de consommations ? De productions ? De nous permettre de prendre conscience de la gravité environnentale ?

Impacts du COVID-19 sur notre environnement

Plusieurs constatations ont pu être observées suite à la réduction ou à l’arrêt des activités des entreprises à travers le monde. Depuis l’espace et grâce aux capteurs présents sur les satellites, il est déjà possible de voir ces effets, à peine 1 mois et demi après le début de l’épidémie comme nous le montre l’image satellite ci-dessous prise par Josh, S. 2020).

En effet la densité d’azote, correspondant à l’un des principaux facteurs de la pollution atmosphérique dans l’air, a diminué de façon significative. En Chine, comme le rapporte la NASA, les concentrations de NO2 ont considérablement diminué entre le mois de janvier et février. La fermeture de centrales de production, de sites industriels, et la diminution du trafic automobile sont à l’origine de cette diminution.

Image satellite, illustrant la différence de NO2 présents dans l’air en Chine entre le 01/01/20 et le 25/02/20

L’impact de ces mesures sur la qualité de l’air est déjà visible à partir de capteurs sur satellite. Par exemple, dans le cas du nord de l’Italie fortement industrialisé, urbanisé, et sur la base des mesures de confinement prises, les données fournies par le satellite IASI, l’analyse du CNRS et de l’EPHA (European Public Health Alliance) montrent que les concentrations de NO2 et de CO ont subi une diminution considérable (CITEPA 2020).

Des événements spéciaux locaux ont déjà réussi à entrainer une réduction des émissions, comme lors des mesures prises lors des Jeux olympiques de 2008 à Pékin. La différence réside dans le fait que la réduction que nous observons sera progressive dans le temps. Cependant, selon la NASA et en ce qui concerne la pandémie de COVID-19, ce serait la première fois que la concentration de polluants dans l’air d’une certaine zone chute aussi rapidement.

Ces images satellites illustrent comment les activités humaines affectent notre qualité de l’air et cela en moins de 2 mois. Depuis que des mesures ont été prises par le gouvernement et sur la base des recherches menées par le CITEPA (2020), la qualité de l’air s’est considérablement améliorée. Evidemment, de telles mesures ne sont pourront pas être envisageables sur le long terme, mais il est possible de trouver des moyens afin de limiter cette pollution, notamment notre pollution atmosphérique. L’arrêt des activités humaines n’est pas possible, mais son optimisation quant à elle si.

Zone de Texte: Source : Gouhier, N., Newsletter « Ça m’intéresse »Un autre point à soulever en dehors des images prises par satellite est celui de la pollution visuelle. A Paris ou dans d’autres capitales, il est également possible d’apercevoir la disparition de nuages dit de « pollution », grâce aux images de Gouhier, N. (2014-2020) et confirmant ainsi ce que relayent les images satellites. Sur les deux photos prises ci-dessous, il est très clairement observable que la pollution visuelle est réduite de façon considérable dans le cas de Paris. L’impact du COVID-19 et du confinement plus particulièrement, nous font à tous prendre conscience que les activités humaines sont en grande partie responsables de cette dernière.

Source : Gouhier, N., Newsletter « Ça m’intéresse »

Enfin, il faut souligner que le COVID-19 a des effets directs et indirects sur les sources d’émission de gaz à effet de serre (GES). Cela est principalement dû aux mesures prises pour limiter la prolifération de la maladie.

Selon les prévisions de PERTHUIS, C. (2020) les Etats-Unis, l’Europe, et la Chine vont connaître des baisses d’émissions annuelles se situant aux alentours de 800 Mt. Avec une réduction de 2 Gt, le reste du monde correspondrait ainsi au plus gros contributeur de la baisse de cette émission mondiale. A cette échelle, une chute des émissions de l’ordre de 5 Gt serait possible, correspondant ainsi à une baisse de 14% d’émission de GES. Une diminution des émissions mondiales de 3% permettrait d’après les calculs de l’UNEP, de s’orienter sur une trajectoire pouvant envisager une limitation du réchauffement à 2°C. Une baisse de 7 % quant à elle permettrait de se maintenir à une température de 1,5° C nous faisant ainsi gagner 2 ans face au réchauffement climatique. Une baisse de 14% permettrait d’en gagner 5 face à ce dernier et de manière générale, vis à vis dérèglement climatique. Le temps n’est pas notre allié dans cette situation, cela n’est donc pas négligeable.

Gestion des priorités

La gestion des priorités est un élément primordial dans le monde du travail. Le succès passe nécessairement par une bonne gestion de ces dernières ou du moins est atteint beaucoup plus rapidement.

48000

Nombre de décès liés à la pollution atmosphérique (exposition aux particules PM2.5) en France et par an (Santé Publique France, 2019).

22614

Nombre de décès liés au Coronavirus en France au 26 Avril 2020 (Le Maire, M. 2020)

La pollution atmosphérique fait donc, à l’heure où j’écris cet article, 2 fois plus de victimes que le COVID-19 mais n’est clairement pas pris en considération de la même manière. Evidemment, beaucoup de personnes sont touchées par le COVID-19 sans forcément y perdre la vie (taux de mortalité de 0,66%) selon Bellanger, E. (2020). Lorsqu’on y réfléchit bien, qui n’est pas touché par la pollution atmosphérique ? Absolument personne, ni même un individu vivant à des milliers de kilomètres de la ville la plus proche n’est épargné. 7,5 milliards de personnes concernées et soumises à un danger permanent.

La pollution de l’air ne doit pas être négligée. 7 millions de personnes décèdent d’une pathologie en lien avec la pollution atmosphérique chaque année. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déjà sonné l’alerte. Même le SIDA (1,1 million), la tuberculose (1,4 million), le diabète (1,6 million), et les accidents de la route (1,3 million) réunis ne font pas autant de victimes.

Selon l’OMS, la pollution de l’air serait qualifiée de facteur de risque majeur des maladies non transmissibles. De plus, elle serait considérée comme étant à l’origine de 70 % des décès dans le monde. Selon les estimations de l’ONU (2018), (Histogramme de la proportion de décès en lien avec la pollution de l’air, ONU 2018), la pollution de l’air est impliquée dans 24% des morts par infarctus, 25% par accident vasculaire cérébral (AVC), 29 % des morts par cancer du poumon, et 43% des maladies pulmonaires (ex : broncho-pneumopathies, asthme…). Le changement climatique et notamment la pollution de l’air affecte donc nos vies beaucoup plus qu’on ne le pense et cela beaucoup plus que le virus. Le coronavirus a prouvé à tout le monde, qu’il y a un lien direct entre notre économie et la santé de notre planète, de notre santé par la même occasion.

La vraie question est : pourquoi le COVID-19 réussi-t-il à induire un changement de mode vie drastique tandis que la pollution atmosphérique très peu voire pratiquement aucun ?

Certes nous ne sommes pas habitués et préparés à une crise sanitaire mais pourquoi réagir lorsque la situation est extrême en un temps réduit. La pollution atmosphérique quant à elle, agit sur le long terme et qui est, non seulement, et comme le COVID-19 un mal invisible. Elle agit sur une période infinie tant que nous n’opérons pas un réel changement dans nos habitudes de consommation et de production, en d’autres termes, dans notre manière de vivre. En effet, c’est un mal qui est prévisible, quantifiable étant donné qu’il n’est pas nouveau et est présent depuis plusieurs années à contrario avec le COVID-19.

La pollution atmosphérique fait partie intégrante du dérèglement climatique. Selon Delattre, M. (2020) il serait donc possible d’envisager que l’apparition de ce virus soit intimement liée à la pollution atmosphérique, et de manière générale à l’exploitation excessive de notre environnement. En partant de la même hypothèse, il est donc possible de penser que la crise que nous traversons actuellement aurait potentiellement pu être évitée dans le cas où l’ordre de nos priorités auraient évolués.

Conclusion

Il est important de rester optimiste et l’épisode que nous traversons doit être une opportunité pour nous d’évoluer dans notre manière de vivre, de voir ce qu’il est possible d’améliorer dans notre système, de revoir l’ordre de nos priorités. Prenons cela comme une leçon de vie que la nature nous envoie. Cette dernière peut correspondre à un avertissement, un message de prévention d’une crise encore plus importante que celle du COVID-19.

Pour ma part je pense, que cette crise est une chance unique qui nous est offerte afin de réaliser une transition ; la transition écologique est un exemple parmi tant d’autres. Il est temps de prendre conscience et d’accepter le fait que nous allons devoir évoluer pour le bien de tous, le bien commun. La pollution de l’air met la population mondiale en danger permanent et seulement une partie en prend réellement conscience.

L’utilisation d’énergie fossile n’est pas durable, et nous en sommes actuellement dépendants. Il s’agit de trouver une alternative durable. Alors pourquoi continuer d’exploiter la terre et ne pas se focaliser sur un mode de fonctionnement durable, sans échéance. La révolution automobile est en cours mais ne peut développer son plein potentiel du fait du lobbying du pétrole. Vouloir faire du profit ? A quoi bon si cela entraîne l’extermination de notre espèce ? La vie n’est pas un bien matériel qu’il est possible d’acheter mais qui peut être préservé par un changement du comportement général.

De mon point de vue il n’est pas judicieux d’effectuer un rapport de force humain/nature. La nature l’emportera toujours, elle a bien mené à l’extinction des dinosaures, alors pourquoi pas nous ?

Pour reprendre la théorie de l’évolution de Darwin je considère qu’il est nécessaire d’évoluer et de s’adapter si nous souhaitons survivre, le temps ne joue pas en notre faveur, c’est le moment de réfléchir et d’agir au nom de la société, au nom de la population mondiale, l’individualité ne mènera à rien, c’est un combat à mener collectivement.

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements » CHARLES DARWIN

Références

BELLANGER, E. (2020), Covid-19 : un taux de mortalité allant de 0,0016 % pour les 0 à 9 ans à 7,8 % pour les 80 ans et plus, selon « The Lancet Infectious Diseases ». Le Quotidien du Médecin [En ligne]. [Vu le 5 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recherche-science/covid-19-un-taux-de-mortalite-allant-de-00016-pour-les-0-9-ans-78-pour-les-80-ans-et-plus-selon

CITEPA (2020). MESURES CONTRE LE CORONAVIRUS : EFFET SUR LES ÉMISSIONS DE POLLUANTS ET DE GAZ À EFFET DE SERRE. CITEPA (2020) [En ligne]. [Vu le 17 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.citepa.org/fr/2020_03_a06/

CITEPA (2020). EMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE ET COVID-19. CITEPA (2020) [En ligne]. [Vu le 17 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.citepa.org/fr/2020_04_a03/

Darwin, C. (1859). L’origine des espèces par la sélection naturelle. Flammarion.

Delattre, M. (2020), Pollution de l’air extérieur & Covid-19. APPA [En ligne]. [Vu le 5 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.appa.asso.fr/pollution-de-lair-exterieur-covid-19/

Floreal, H. (2020). La responsabilité humaine coupable dans le transfert des nouveaux virus de l’animal à l’homme. 20minutes [En ligne]. 8 Avril 2020. Mise à jour le 9 Avril 2020 [Vu le 10 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.20minutes.fr/planete/2757427-20200408-responsabilite-humaine-coupable-transfert-nouveaux-virus-animal-homme

Gouhier, N.,(2020). Ça m’intéresse [image digitale]. [Vu le 19 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.caminteresse.fr/environnement/confinement-un-avant-apres-de-la-pollution-a-paris-11136546/

Graphique de la moyenne mondiale des émissions de CO2, Banque mondiale de données, Mise à jour le 18 Mars 2020 disponible sur : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.KT

Histogramme de la proportion de décès en lien avec la pollution de l’air, Organisation Mondiale de la Santé, Mise à jour le 2 Mai 2018 sur : https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/05/02/la-pollution-de-l-air-tue-7-millions-de-personnes-par-an-dans-le-monde-alerte-l-oms_5293076_3244.html

Josh_S., (2020). Earth Matters [image digitale]. [Vu le 1 Février 2020]. Disponible sur : https://earthobservatory.nasa.gov/blogs/earthmatters/2020/03/05/how-the-coronavirus-is-and-is-not-affecting-the-environment/

Lavigne, E., (2017). LA POLLUTION DE L’AIR AUGMENTE LES MALADIES CARDIAQUES ET PULMONAIRES. Planète Santé [En ligne]. 12 Novembre 2017. Mise à jour le 16 Novembre 2017 [Vu le 3 Avril 2020]. Disponible sur: https://www.planetesante.ch/Magazine/Sante-au-quotidien/Pollution/La-pollution-de-l-air-augmente-les-maladies-cardiaques-et-pulmonaires

LeMaire, M. (2020) DIRECT. Coronavirus en France : les personnes guéries sont-elles immunisées ? Linternaute [En ligne]. [Vu le 26 Avril 2020]. Disponible sur :  https://news.google.com/covid19/map?hl=fr&gl=FR&ceid=FR:fr

PERTHUIS, C. (2020). COMMENT LE COVID-19 MODIFIE LES PERSPECTIVES DE L’ACTION CLIMATIQUE. Chaire Economique du Climat [En ligne] Disponible sur : https://www.chaireeconomieduclimat.org/wp-content/uploads/2020/04/ID-63.pdf

Radio Canada (2019). Le changement climatique pèse lourd sur les océans et les glaces [En ligne]. Radio Canada. [Vu le 18 Février 2020]. Disponible sur : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1309093/effets-rechauffement-climatique-oceans-glaces

Santé Publique France (2019). Pollution atmosphérique : quels sont les risques ? Santé Publique France (2019) [En ligne] [Vu le 5 Avril 2020]. Disponible sur : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/articles/pollution-atmospherique-quels-sont-les-risques

WWF (2015). IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES ESPÈCES [en ligne]. WWF. [Vu le 7 Mars 2020]. Disponible sur : https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2017-07/151110_rapport_les_impacts_du_changement_climatique_sur_les_especes.pdf

Zhang, T., Qunfu, W., Zhigang, Z.(2020). Probable Pangolin Origin of SARS-CoV-2 Associated with the COVID-19 Outbreak. Current Biology [En ligne]. 30(7), Pages 1346-1351. [Vu le 7 Mars 2020]. Disponible sur : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982220303602

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